Trois films français ou se déroulant en France sont sur les écrans à Lisbonne. Deux d'entre aux au Media King.
La Danse, de Frederick Wiseman, documentaire se déroulant dans les coulisses de l'Opéra de Paris. C'est long, mais on y gagne de belles scènes de danses dans les salles de répétition de l'opéra. La danse en construction, c'est aussi beau que le spectacle lui-même, parfois même plus.
Sinon, c'est surtout l'image de celle que tous appellent Brigitte qui s'impose, c'est elle qui veille en même temps qu'elle commande sur tout ce petit monde. On comprend qu'il n'y a rien qui ne passe par elle, tous en réfèrent à elle, avec une extrême déférence, même lorsqu'il s'agit de discuter de la distribution, de protester.
Un jour la directrice complimente une jeune ballerine de ce qu'elle a encore maigri, l'autre elle rend compte aux danseurs assis à ses pieds des progrés de la négociation sociale : c'est elle qui s'occupe aussi du régime des retraites, de l'avenir de ses ouailles. Hiérarchie implacable, discipline de fer. Hyperprotection aussi. Tout est pris en main, et si certains pénètrent l'antre malgré tout, le monde extérieur, avec ses règles et ses grèves, semble ici ne plus devoir exister.
Les Herbes Folles, d'Alain Resnais, est écrit d'après un livre de Christian Gailly, et de facture très littéraire, présence du narrateur oblige. On y retrouve un couple d'inséparables, Dussolier et Azéma. Dussolier est bizarre à souhait, il intrigue jusqu'à la fin, il inquiète même. Azéma a un personnage haut en couleurs, à l'image de ses cheveux, de sa maison, de sa voiture. Presque un personnage de bande dessinée ou de conte, conte dont on n'est pas loin d'ailleurs, surtout dans les épisodes peu probables qui se passent autour du terrain d'aviation, sur terre comme dans les cieux.
Les vies sont peu épaisses, le quotidien banal, mais il y a, soulignées par les gros plans faits sur les visages, une fragilité et une inquiétude latente, qui touchent chacun des personnages, et leur donnent vie.
Non ma fille, tu n'iras pas danser, de Christophe Honoré.
Les deux scènes les plus marquantes se trouvent au début et à la fin du film.
Quand Léna, jouée par Chiara Mastroianni, enterre un oiseau qu'elle avait promis de sauver dans une boîte de jeu chipée dans la chambre d'enfants, sa soeur qui l'accompagne dit quelque chose comme : “c'est surtout le jeu perds pas la boule qu'on perd !" Anodin peut-être, mais le début du récit, puisque c'est un film où l'on perd toujours plus que l'on ne gagne.
En famille, rien n'est gagné d'avance, surtout pas dans ce film qui raconte une famille sur les nerfs, qui se déchire autant qu'elle s'aime, bref, qui perd souvent la boule (perdre la boule ou perdre la tête, ou devenir dingue, ou devenir fou).
La deuxième scène marquante n'est pas une scène, mais une réplique, la dernière, déjà hors-champs, puisque c'est sur le fond noir de l'écran que l'on entend les derniers mots de Léna. Elle s'en va, plie bagages, quitte Paris sans ses enfants que son ex-mari est venu chercher chez elle pour les emmener vivre avec lui. Son jeune frère commente son départ : "ils ne te le pardonneront jamais, tes enfants, d'être partie sans eux". Elle répond en voix off, scellant son destin : "de toute façon, si ce n'était pas pour ça, c'est pour autre chose qu'ils ne m'auraient pas pardonné!"
De quoi méditer...
La Danse, de Frederick Wiseman, documentaire se déroulant dans les coulisses de l'Opéra de Paris. C'est long, mais on y gagne de belles scènes de danses dans les salles de répétition de l'opéra. La danse en construction, c'est aussi beau que le spectacle lui-même, parfois même plus.
Sinon, c'est surtout l'image de celle que tous appellent Brigitte qui s'impose, c'est elle qui veille en même temps qu'elle commande sur tout ce petit monde. On comprend qu'il n'y a rien qui ne passe par elle, tous en réfèrent à elle, avec une extrême déférence, même lorsqu'il s'agit de discuter de la distribution, de protester.
Un jour la directrice complimente une jeune ballerine de ce qu'elle a encore maigri, l'autre elle rend compte aux danseurs assis à ses pieds des progrés de la négociation sociale : c'est elle qui s'occupe aussi du régime des retraites, de l'avenir de ses ouailles. Hiérarchie implacable, discipline de fer. Hyperprotection aussi. Tout est pris en main, et si certains pénètrent l'antre malgré tout, le monde extérieur, avec ses règles et ses grèves, semble ici ne plus devoir exister.
Les Herbes Folles, d'Alain Resnais, est écrit d'après un livre de Christian Gailly, et de facture très littéraire, présence du narrateur oblige. On y retrouve un couple d'inséparables, Dussolier et Azéma. Dussolier est bizarre à souhait, il intrigue jusqu'à la fin, il inquiète même. Azéma a un personnage haut en couleurs, à l'image de ses cheveux, de sa maison, de sa voiture. Presque un personnage de bande dessinée ou de conte, conte dont on n'est pas loin d'ailleurs, surtout dans les épisodes peu probables qui se passent autour du terrain d'aviation, sur terre comme dans les cieux.
Les vies sont peu épaisses, le quotidien banal, mais il y a, soulignées par les gros plans faits sur les visages, une fragilité et une inquiétude latente, qui touchent chacun des personnages, et leur donnent vie.
Non ma fille, tu n'iras pas danser, de Christophe Honoré.
Les deux scènes les plus marquantes se trouvent au début et à la fin du film.
Quand Léna, jouée par Chiara Mastroianni, enterre un oiseau qu'elle avait promis de sauver dans une boîte de jeu chipée dans la chambre d'enfants, sa soeur qui l'accompagne dit quelque chose comme : “c'est surtout le jeu perds pas la boule qu'on perd !" Anodin peut-être, mais le début du récit, puisque c'est un film où l'on perd toujours plus que l'on ne gagne.
En famille, rien n'est gagné d'avance, surtout pas dans ce film qui raconte une famille sur les nerfs, qui se déchire autant qu'elle s'aime, bref, qui perd souvent la boule (perdre la boule ou perdre la tête, ou devenir dingue, ou devenir fou).
La deuxième scène marquante n'est pas une scène, mais une réplique, la dernière, déjà hors-champs, puisque c'est sur le fond noir de l'écran que l'on entend les derniers mots de Léna. Elle s'en va, plie bagages, quitte Paris sans ses enfants que son ex-mari est venu chercher chez elle pour les emmener vivre avec lui. Son jeune frère commente son départ : "ils ne te le pardonneront jamais, tes enfants, d'être partie sans eux". Elle répond en voix off, scellant son destin : "de toute façon, si ce n'était pas pour ça, c'est pour autre chose qu'ils ne m'auraient pas pardonné!"
De quoi méditer...
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