dimanche 20 mars 2011

Japon : l'interculturel dans les médias.

«L'ambassade du Japon en France a demandé aux médias français de faire preuve de pudeur dans le choix des images qu'ils diffusent. Le directeur du service culturel de l'ambassade remercie la France pour sa solidarité mais attire l'attention sur le fait que les images de corps de victimes, notamment, peuvent heurter leurs proches.»

Cette information était donnée ce matin, dimanche 20 mars, vers 11h30, dans le direct (au Monde, on dit le Live) que Le Monde consacre depuis plusieurs jours au cataclysme au Japon. Elle ne fait que s'ajouter aux nombreux indices du choc culturel qui a visiblement lieu dans la façon dont les médias couvrent l'événement en Occident et en Orient.
Dans la blogosphère elle-même, il arrive qu'on s'indigne, de part et d'autre. Du «sensationalisme» dans les journaux français d'un côté, de l'éventuel manque de transparence dans les médias japonais de l'autre. De fait, les informations se croisent mais ne se recoupent pas entièrement. L'accident nucléaire lui-même n'est pas couvert de la même façon.

Plus largement, l'Occident a découvert dans la surprise l'âme d'un peuple, qui réagit dans la dignité, l'ordre et le calme. Pas de pillage, un esprit de groupe inébranlable, peut-on lire souvent. Là encore, l'Orient face à l'Occident et son individualisme commun.
«Dans le pays de la paix sereine, éternellement, le peuple tout à sa joie vaque à ses affaires», écrivait l'écrivain japonais Ueda Akarina au XVIIIe siècle ( Contes de pluie et de Lune). Aujourd'hui, François Lachaud, directeur d'études à l'Ecole française d'Extrême-Orient, évoque pour Le Monde (daté du 17 mars), la «délicatesse» et la «grandeur d'âme» des Japonais.
Le Japon vit dans la conscience profonde de l'impermanence. Et François Lachaud explique que «lorsque l'on a vécu une partie importante de sa vie au Japon, ce rapport aux êtres chers et à l'univers naturel fondé sur une conscience aigüe de la précarité, des joies et des peines qu'elle procure, change de manière irrémédiable le regard que l'on porte sur le monde qui nous entoure.»

Le tsunami qui a ravagé la côte nord-est du Japon, les réactions suscitées à travers le monde, jusque sur la blogospère en Occident où un appel pour une page blanche le 18 mars circulait (ce que devient la minute de silence...Les Petites Pauses, qui n'ont pas été informées à temps, ont elles publié ce jour-là), et les incompréhensions cependant visibles devant la façon dont les uns et les autres réagissent et agissent, montrent la portée de l'interculturel, et la charge de ce «regard que l'on porte sur le monde qui nous entoure», si présente dans les langues elles-mêmes.

vendredi 18 mars 2011

L'Invitation au Voyage

Dans son album Não há só Tangos em Paris,  Cristina Branco met Baudelaire en musique. L'occasion pour les Petites Pauses de vous saluer aujourd'hui en poésie et, en ces temps troubles à travers le monde, de vous inviter là où «[..]tout n'est qu'ordre et beauté/Luxe, calme et volupté.»

L'invitation au voyage


Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

samedi 5 mars 2011

Atmosphères

un dessin de Fanny.
(cliquez sur le lien pour voir le dessin dans sa totalité)

«La pluie hachure ces derniers jours. Jours humides. Jours sans fin.
Goutte après goutte.
Boucle mes cheveux. Pénètre dans ma tête. Grise mon humeur.»  Fanny

En cours, mardi dernier, la conversation a pris des chemins détournés et l'on a parlé des Révolutions un peu partout et du 12 mars au Portugal, mais les Petites Pauses, elles, mine de rien, insistent à vous parler du beau et du mauvais temps. Qu'en dira-t-on, dites-moi ?

Eh bien, le texte et le dessin de Fanny m'ont juste donné envie de continuer sur ma lancée....

Car si le mauvais temps ne fait pas que des râleurs, et si la pluie peut faire germer des graines de poésie dans les esprits, alors à nous d'en profiter.

Oui, à nous d'en profiter en classe pour :
- évoquer les atmosphères sous le soleil, sous la pluie ou dans le vent,
- faire l'inventaire des réactions et des impressions, des sentiments,
- écrire et dessiner...
- inventer encore.